Le piercing de l’oreille constitue une indéniable effraction cutanée puisque les aiguilles du perceur, s’enfoncent profondément afin de transpercer le lobe, le cartilage de l’oreille. Malgré les assurances de plusieurs adeptes quant au caractère modéré de la douleur induite par cet acte, la réalité s’avère plutôt différente d’une personne à une autre. Alors que certains individus supportent aisément la douleur, d’autres peuvent en souffrir plusieurs jours, voire des mois. C’est, en partie, ce qui explique l’engouement de plus en plus prononcé pour la crème anesthésiante pour piercing de l’oreille, surtout chez les enfants.
Il importe de préciser que l’usage d’une crème anesthésiante pour un piercing d’oreille constitue un cas de détournement d’un médicament de son indication première. Il faut s’en méfier car des complications inattendues et potentiellement sévères peuvent survenir. Cela dit, il existe plusieurs crèmes anesthésiantes applicables sur un piercing de l’oreille mais avant de s’y intéresser de façon spécifique, il importe d’examiner les modalités de leur utilisation légale.
Usage d’une crème anesthésiante pour piercing de l’oreille : que dit la loi ?
Un perceur n’est pas autorisé à vendre, à prescrire, ni à appliquer une crème anesthésiante à sa clientèle. Conformément aux articles R4311-8 et R4321-9 N°5 du code la santé publique, au décret N° 2004-11-28-802 du 29 juillet 2004 et à la loi N° 2004-806 du 09 août 2004, seuls certains professionnels de santé (masseur-kinésithérapeute, médecin et infirmier travaillant sous les ordres d’un médecin) sont habiletés à prescrire et à donner des soins médicaux contre la douleur. On note que cette habilitation n’est pas étendue aux aides-soignants, aux techniciens de laboratoire et autres auxiliaires, à plus raison aux esthéticiens, tatoueurs et perceurs qui n’ont aucune reconnaissance médicale.
Par contre, le code de la santé publique prévoit, notamment en son article L110-5 que « toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, prise en compte et traitée ». C’est dans ce cadre que certains candidats au piercing obtiennent, de leur médecin, la prescription d’une crème anesthésiante adaptée à la peau de leur oreille.
Le perceur n’étant pas autorisé à prescrire, vendre, ni à appliquer une crème anesthésiante, sa responsabilité sera dégagée si le client achète lui-même ladite crème et se l’applique avant l’intervention.
Composition et mode d’action d’une crème anesthésiante pour piercing de l’oreille
Généralement, cette crème contient divers excipients dont le sodium hydroxyde, le carbomère, l’huile de ricin et l’eau purifiée. Comme tout médicament, la crème anesthésiante doit son efficacité à son principe actif qui peut être, entre autres, de la tétracaïne, de l’adrénaline, de la prilocaïne ou de la lidocaïne. les deux dernières molécules sont les plus utilisées.
Une fois appliquée sur les deux faces du lobe de l’oreille, la crème anesthésiante agit en insensibilisant la sphère cutanée par engourdissement. C’est du moins de cette façon que le sujet utilisateur ressent l’effet de ce médicament. Cela dit, la crème anesthésique appartient à la sphère des anesthésiques locaux dont le mode d’action consiste essentiellement à abolir la transmission nerveuse par blocage du canal sodium au niveau de la membrane des fibres nerveuses.
Quelle crème anesthésiante pour son piercing de l’oreille ?
Le choix est vaste, toutefois trois types de crèmes anesthésiantes se dégagent. Il faut noter que le médecin, ou le personnel infirmier qui travaille sous son autorité, prescrit la crème après consultation et en tenant compte des antécédents médicaux et familiaux de la personne souhaitant se faire un piercing.
Crème anesthésiante de type EMLA
La crème anesthésiante de type EMLA se caractérise par une formulation à base de lidocaïne et de prilocaïne. Son action analgésique maximale est généralement atteinte après une heure d’application. C’est pourquoi, il est recommandé de l’appliquer une heure avant l’intervention en couche épaisse sur l’oreille (sur une face du lobe ou sur les deux faces à la fois). Dans cette famille figure non seulement la crème anesthésiante dénommée EMLA (tout simplement) mais aussi ses génériques et assimilées : Zentiva, Anesderm, Dr Numb. Seule la dernière citée est vendue sans ordonnance. Il faut toutefois faire attention car elle fait l’objet d’une contrefaçon massive. C’est notamment le cas des entités vendues sur Amazon ou Ebay.
Crème anesthésiante à base de lidocaïne
Pour prévenir la douleur liée au piercing d’une oreille, certaines personnes utilisent plutôt une crème à base de lidocaïne uniquement. Il s’agit notamment de Maxilène qui contient une concentration de 4 % ou de 5 % de lidocaïne. Médicalement, la première formulation de ce remède sert à soulager les démangeaisons et douleurs induites par les piqûres d’insectes, d’orties, les égratignures, les coups de soleil et les irritations (sans gravité) de la peau. Plus renforcé, le second dosage permet de soulager efficacement les douleurs hémorroïdaires. Les spécialistes utilisent plutôt Maxilène 4 (4% de lidocaïne) pour insensibiliser la peau de l’oreille et prévenir la douleur du piercing aussi bien chez la population pédiatrique que chez certains adultes.
la crème anesthésiante agit-elle sur le cartilage de l’oreille